Isolation morcelée
Grands lecteurs de "La maison écologique", nous avons beaucoup rêvé devant les maisons basses consommation, voire encore mieux, passive. Sauf que ce n'est pas le tout de rêver : il y a aussi le principe de réalité !
Or, la vraie vie pour nous, c'est que lorsque nous avons acheté notre appart', nous étions encore peu réactifs sur les problèmes d'isolation et d'économies d'énergie. Nos premiers travaux ont été faits innocemment le long du seul mur vraiment froid de l'appartement, sans songer à l'isoler. Résultat : à moins de casser notre salle de bain et notre escalier tout neufs, nous voici condamnés à supporter un mur froid pas isolé à l'est de notre logis. Lot de consolation : comme nous sommes orientés plein sud, que le reste des murs est mitoyen partout ailleurs et que nous possédons une bonne chaudière, nous avons finalement un bon bilan énergétique côté chauffage.
N'empêche, l'hiver dans la salle de bain, ça caille un peu, et le chauffage pourrait être plus efficace si le mur était plus épais...
(Laine de bois en attente, restes d'un chantier professionnel de l'homme-grenouille, puis déposée entre les poutres du sol mis à nu)
A défaut de pouvoir tout refaire aujourd'hui, nous nous contentons donc d'isolation au coup par coup, lorsque ça se présente. Pour cette session, comme nous avons cassé la dalle de l'entrée et d'une petite pièce-bureau, nous en avons profité pour bourrer les interstices entre les poutres avec de la laine de bois et de la laine de chanvre.
(ci-dessus panneau d'OSB en attente, et à droite le béton de chaux-ciment-bois dans notre "cuisine provisoire")
Après ça, cette partie a été recouverte de panneaux d'OSB, ou panneaux de copeaux orientés qui sont issus, je cite terre vivante: "de Résineux d'éclaircie tranchés en longues lamelles, encollées en trois couches orientées perpendiculairement l'une à l'autre, ce qui leur confère une grande rigidité". L'intérêt étant que l'OSB utilise des chutes de bois (donc rentable, pas de gaspillage) et contient généralement peu de formaldéhydes en comparaison avec de l'aggloméré - on le trouve aisément en norme E1, une norme à vérifier expressément si vous voulez éviter les excès de COV. Le fin du fin étant d'aller l'acheter en magasin écologique, où l'on trouve des panneaux comme celui-ci, issu de bois PEFC. Erreur de notre part, nous n'avons pas eu le temps d'aller l'acheter nous-même et c'est l'ouvrier qui travaille avec nous qui est allé le chercher... en magasin traditionnel !
Ne restait plus ensuite qu'à couler la dalle, pour laquelle nous avons utilisé un matériau de compromis : un béton de chaux hydraulique, ciment et chutes de bois (local !), qui a l'avantage d'être très léger : indispensable dans un immeuble ancien, et plus facile à pratiquer qu'une véritable dalle de chaux-chanvre ... Et c'est écologiquement plus intéressant qu'un ciment classique ! En attendant la pose du parquet, le tout fait désormais une isolation sympathique... mais plus pour des gains phoniques que thermique, puisqu'en dessous il y a un appartement chauffé, et donc pas de gros chocs thermiques.
Autre exemple d'utilisation des rouleaux de chanvre : lorsque nous avions fait poser nos nouvelles fenêtres double-vitrage. Plutôt que d'utiliser les horribles mousses expansées que l'on croise encore parfois, nous avons préféré combler les interstices avec du chanvre, avant de combler le tout avec du plâtre, de manière très classique.
Entendons-nous bien : tout cela n'est que du rapiéçage de fortune ! C'est mieux que rien, et ce sont au moins des matériaux sains, mais nous sommes loin de l'isolation de rêve, celle qui permettrait de transformer un vieil appartement en logement basse consommation ultra-écologique. Pour cela, pas de secret : il faut absolument y songer avant l'achat, pour d'une part choisir un logement ayant déjà de bons atouts (comme l'orientation, une forme compacte, etc), et d'autre part pouvoir tout casser et tout repenser : dalle, murs, etc... Un détail auquel je serais aujourd'hui plus sensible : attention aux logements ancien de charme (le nôtre en est plein!), car après il y a de multiples petits détails auxquels on s'attache (moulures au plafond, cheminées...) mais qu'il faudrait sacrifier pour le bien de l'isolation... Au final, mieux vaut un bâtiment sans charme pour faire de la rénovation écologique. Aucun regret pour le modifier !