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GRENOUILLE CITADINE
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24 mai 2011

Amap : visite à la ferme

Ce dimanche, c'était visite à la ferme de notre agriculteur. Comme je fais malheureusement partie de ces gens qui travaillent régulièrement le week-end, je n'y vais pas à chaque fois, mais dès que c'est possible, nous essayons d'y aller en famille car c'est toujours un super moment. D'ailleurs, les visites à la ferme du producteur font partie intégrante de la démarche Amap : on ne peut pas se sentir vraiment amapien si on ne fait pas un saut à la ferme au moins une fois dans l'année. Ca fait partie du truc : on n'est pas là pour donner des sous comme au supermarché et recevoir en échange des légumes calibrés, pré-triés et pré-lavés: on est là pour maintenir une agriculture paysanne de proximité et de préférence biologique qui est particulièrement à la peine, et par notre abonnement donner à notre agriculteur une visibilité qu'il n'aura jamais dans une bataille avec la grande distribution. Qui dit proximité dit donc présence des deux parties : c'est pour cela que je vais essayer de résumer un peu ici ce qui me semble indispensable dans la relation agriculteur/ amapien, et qui en tout cas nous satisfait pleinement dans le fonctionnement de notre Amap à nous !

13___Amap_tt_le_monde

15___Loic 14___salade

On y va parce que c'est sympa. C'est l'aspect auquel on pense le plus spontanément, surtout quand on est citadin : la mise au vert ! Il y a toujours un pique-nique géant en milieu de journée près des serres - où l'on peut s'abriter si il pleut ! - et c'est toujours un super moment : le moment de faire connaissance avec l'agriculteur et les autres amapiens, de faire un bon gueuleton (Loïc que l'on voit ci-dessus à gauche prévoit toujours des grillades ou un méchouis, beaucoup apportent des salades ou des gâteaux géants), de profiter du plein air dans un joli coin de campagne picarde. C'est ce qui amène les familles avec de jeunes enfants, qui du coup se déplacent essentiellement pour le pique-nique et vont se ballader ensuite. Mais cela attire aussi toutes sortes de tire-au-flanc de (parfois) notre espèce, qui se lèvent tard et n'arrivent qu'à l'heure du déjeuner alors que la journée à la ferme a débuté aux aurores. Normalement on vient pour donner un coup de main dès le matin (désherbage, cueillette et j'en passe), mais même quand on prend les choses en cours de route ou que l'on vient les mains dans les poches, on est toujours bien accueilli et c'est très décontracté!

17___fraises  16___tomates

On y va parce qu'une bonne connaissance commence par là. C'est déjà plus technique, mais c'est vrai de vrai : si nous ne savons pas où nos légumes poussent et dans quelles conditions, ça n'a aucun intérêt de faire partie d'une Amap ! Voici donc l'occasion de faire connaissance avec divers champs, diverses serres (non chauffées bien sûr), de voir nos "vieux" fraisiers pleins de chardons et camomille sauvage, d'admirer les plans de nos futures tomates du nord de la loire (qui savent bien se faire attendre, mais qu'à l'automne on n'arrête plus!), de discuter des vrais problèmes de sécheresse de cette année, qui tuent tous les semis, et font monter salades, bettes et poireaux en graines pour les rendre inconsommable bien plus tôt que prévu - cf plus haut dans la camionette, une salade "montée". Résultat nos paniers du mois de mai sont bien maigres, surtout en produits frais, mais comme avec un potager nous savons pourquoi ! C'est aussi l'occasion de connaître le point de vue et les méthodes de l'agriculteur avec qui nous travaillons, et avec Loïc aucun doute : c'est un convaincu, contrairement au tout premier agriculteur de notre toute première Amap !

A l'inverse c'est aussi pour Loïc l'occasion de faire connaissance avec ses Amapiens, de voir comment chaque Amap fonctionne et s'organise - chacune étant une association différente, chacune a ses propres règles et son propre fonctionnement. Ce qui peut être très variable en fonction des années, de ceux qui prennent les choses en main etc. Mais globalement, Loïc sait qu'il pourra compter sur tous pour lui "trouver des paniers" (donc de nouveaux abonnements) s'il aggrandit son exploitation ou qu'une Amap disparaît.

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On y va pour rendre service et faire un peu d'apprentissage agricole. C'est le nerf de la guerre, car c'est par le besoin de coup de main que la proposition de visite démarre ! Il peut y en avoir un seul comme plusieurs dans l'année, tout dépendra des besoins et de la taille de votre exploitation : dans notre cas où l'exploitation s'est aggrandie récemment et fournit de nombreuses Amap, il y a plusieurs appels par an, qu'on est toujours libre de suivre ou non - à notre Amap les participants s'engagent théoriquement sur leur contrat à venir aider au moins une fois par an, ce que je trouve normal, mais qui dans les faits est un peu plus fantaisiste... En tout cas il peut y avoir de tout : plantation de pommiers, désherbage manuel, cueillette de petits pois, où comme ici, plantation de griffes d'asperges, opération qui m'intriguait au plus haut point car je méconnaissais totalement ce légume absent de mon terroir d'adoption... Pour résumer les photos ci-dessus : 1) on fait une tranchée, pas manuellement de préférence ! 2) on la fume à l'aide du tracteur et de quelques binettes 3) on recouvre la fumure de terre pour éviter de bruler les jeunes plants 4) on dépose les griffes qui ressemblent à des chevelures-asticots du 3e type 5) on recouvre de terre à nouveau, en faisant éventuellement une jolie petite butte ! Et après.... plus qu'à attendre deux ans pour les consommer, si tout va bien !!!

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En tout cas j'ai posé la question cette fois-ci, car vu la maigre portion de vrais travailleurs qui vient à chaque fois, deux fois moins nombreuse que les dilettantes, eux-même en nombre restreint par rapport à ceux qui ne mettent jamais les pieds à la ferme, je commençais à me demander si nos coups de mains étaient réellement utiles, ou faisaient juste partie du décor... Eh bien la réponse est si, mille fois si ! En fait, malgré ses 7 salariés (dont un apprenti) et avec ses presques 500 paniers à livrer plusieurs fois par semaine en région parisienne, l'exploitation fonctionne à flux tendu. Entre les cueillettes, les livraisons, les semis, les travaux d'entretien divers... les coups de main concernent réellement des choses qu'on n'aurait pas eu le temps de faire autrement, ou qui auraient obligé à en sacrifier d'autres. Et finalement, à 7 personnes que nous étions à peu près lors de cette plantation d'asperge, même en n'étant pas des pros nous avons avancé autant en une journée que tous les salariés de l'exploitation réunis, ce qui n'arrive jamais de toutes façon, car chacun vaque toujours en divers endroits... Donc si vous appartenez à une Amap, surtout n'hésitez pas : participez, rengagez-vous !!!!

Et après ? Eh bien après, qu'on se le dise : le plaisir de manger des légumes "à qui l'on a déjà été présenté" est à mon sens un plaisir inégalé... Même si ça demande de donner un peu de soi ! Car cette participation est finalement fort peu exigeante, par rapport aux besoins d'un potager personnel, par exemple...  Alors il faut bien admettre que la mutualisation a d'énormes avantages, pour qui se donne la peine d'y réfléchir cinq minutes !

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Commentaires
G
Je suis vraiment contente si ce billet clarifie des choses, car j'ai remarqué qu'avec "l'effet de mode", le sens des Amap se dilue un peu dans la communication médiatique, alors que le principe de base est vraiment génial.<br /> <br /> Je le redis, il n'y a pas "obligation" d'aider l'agriculteur, ou en tout cas cela dépend beaucoup des Amap. Certaines fonctionnent par exemple avec plusieurs agriculteurs à qui elles se contentent d'acheter divers produits en direct : en ce sens, on se rapproche plus des groupements d'achats, mais en bio et/ou en local, ce qui n'est pas mal même si l'implication est du coup moins forte.<br /> <br /> Les principes fondateurs sont avant tout la volonté d'entraide, de solidarité et de proximité. <br /> <br /> Et attention, par contre une Amap peut être non bio, il y en a qui sont en "agriculture raisonnée". Le bio est un plus, la base étant de soutenir une agriculture locale de type familial - je sais que je n'y aurais pas souscrit en "raisonné", mais ce sont là des choix totalement personnels.<br /> <br /> Pour ma part, je suis vraiment ravie de recevoir chaque semaine un panier de légume dont je connais toujours la provenance (moins de 100km de chez moi, pour Paris c'est tout près!), le type de production (bio, de saison sauf serres non chauffées, avec semis sur place le plus souvent, recours à des associations pour certains plants etc..), et le nombre de salaires que cela génère...<br /> D'une certaine façon je gagne du temps ainsi, par rapport aux nombre de questions que je me pose en magasin bio face aux légumes de hollande ou d'Italie, souvent totalement hors saison...!
E
Alors là j'en ai appris des trucs: les amap sont de plus en plus mentionnées mais jamais le fait qu'on peut/doit venir y donner un coup de main, et je n'avais jamais fait attention à la différence panier normal ou bio. <br /> En tout cas c'est vraiment génial de pouvoir retourner un peu au contact de la terre, réapprendre ce que nos aïeux savaient tous faire: planter et récolter de quoi subsister. Sûre que ça me plairait...
L
Merci de nous donner toutes ces infos, cela envie beaucoup plus que les paniers bio en effet.
Z
rien de mieux! c'est ça la vraie vie. partager, faire des choses ensemble, et qui plus est, faire des choses qu sont bien pour la planète! bravo, cela me touche!!!
G
Ah, tant mieux si ça donne des idées plus précises, je suis ravie !!! <br /> <br /> Mais bon, cela dépend aussi beaucoup des Amap !!!<br /> <br /> A la base il s'agit clairement de simples associations, qui décident de donner à l'agriculteur un fixe hebdomadaire ou mensuel fixé sur des besoins agricoles (semences, outils, main d'oeuvre), et en échange, il partage ce qu'il a récolté... Que la récolte soit bonne ou mauvaise, ce qui peut en décontenancer certains (d'où nos maigres paniers de ce mois de mai, que tout le monde acceptera bon an mal an, car il n'y a pas moyen de sortir des masses de légumes frais des champs tout secs de ce printemps.....). <br /> A l'inverse il y a de bons mois où nos paniers sont blindés à craquer (souvent juillet-août et l'automne....)<br /> <br /> Notons que tous les agriculteurs ne jouent pas le jeu entièrement (par exemple en gardant une partie de la récolte pour la revente, etc), donc il faut toujours mettre au point ce qu'on fait, comment, etc... C'est important que les bases soient bien claires et qu'il y ait une bonne entente. En même temps le système des paniers est très avantageux pour eux s'ils sont à fond dedans, aucun intermédiaire : ceux qui font ça à fond s'en sortent bien, en général - et c'est l'intérêt !<br /> <br /> Il y a aussi des systèmes de "paniers bios", mais ce n'est en fait rien d'autre que des paniers composés de légumes issus des centrales d'achat, donc ça ou faire les courses chez Naturalia / Biocoop ou autre, c'est pareil, sauf qu'on ne choisit pas (la provenance, la vraie saisonnalité etc.). A mon sens cela n'a pas vraiment d'intérêt, sauf si on n'a aucun temps à consacrer aux courses.
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